“Zéro mendiant” est une démarche pour la dignité et la restauration de l’ordre public. C’est la première explication à donner à cette initiative d’envergure en vigueur dans le pays depuis plusieurs jours maintenant. Le gouvernement a lancé l’opération pour libérer les rues et les artères de la ville de la présence massive de mendiants, qu’ils soient enfants ou adultes, nationaux ou étrangers.

La campagne suscite beaucoup de débats, mais lorsqu’on l’explique mieux aux citoyens, elle finit par être perçue comme une démarche nécessaire pour assurer la libre circulation des personnes et de leurs biens, préserver l’image du pays et offrir des alternatives viables à toutes ces personnes qui vivent de la mendicité.

Le phénomène de la mendicité, un enjeu sociétal et économique

La mendicité, particulièrement visible dans les zones urbaines, est devenue un problème majeur. À Lomé, les rues, les marchés et les carrefours sont souvent envahis par des mendiants, dont certains viennent d’autres pays de la sous-région.

Ce phénomène soulève plusieurs enjeux, comme une question d’image et d’attractivité. Les mendiants encombrent les trottoirs et sollicitent les passants de manière insistante, ce qui donne une impression de désordre et de dérangement, surtout pour les usagers qui n’ont rien à donner ou qui ne veulent tout simplement pas donner.

L’autre mal engendré, ce sont les risques de sécurité et de santé publique. Les attroupements de mendiants dans des zones à forte densité de population augmentent les risques sanitaires. Aussi, certains cas de mendicité sont liés à des réseaux d’exploitation, transformant une pratique de survie en une entreprise illégale et parfois criminelle.

L’enjeu d’inclusion sociale est à évoquer. La mendicité met en lumière des fractures sociales profondes, telles que le chômage, l’exclusion ou le manque d’accès à des services sociaux de base pour les populations vulnérables, des choses que combattent pourtant les autorités.

Une opération bienvenue

Lancée le 13 décembre 2024, l’opération “zéro mendiant” s’inscrit dans un cadre plus large de politiques sociales et de sécurité urbaine.

Le 16 décembre, soit 3 jours après la mise en marche de l’initiative, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile a fait le point de la situation. Il la définit comme une opération de déguerpissement des mendiants et des vendeurs à la sauvette aux abords des carrefours et des lieux publics à forte affluence.

C’est justement pour remédier aux risques à la sécurité publique et aux problèmes d’insalubrité dans la capitale et dans certaines grandes villes du pays. Le chef de l’État l’a validée et a ordonné de la poursuivre et de l’étendre aux villes de l’intérieur du pays.

Un bilan dressé par le Mouvement Martin Luther King (MMLK) au lendemain de la réunion gouvernementale indique que 163 individus (hommes, femmes et enfants) ont été interpellés et placés au camp des sinistrés à Logopé dans le cadre de l’opération. Ils y sont internés pour le moment, en attendant de les réinsérer dans la société pour les plus aptes.

La Rédaction