Friday, December 19, 2025

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Grand combat du Togo contre le fléau du non-enregistrement des naissances

Naître, c’est aussi avoir droit à une existence légale. Le Togo est bien décidé à en finir avec le fléau des naissances non enregistrées, qui prive encore certains enfants de ce droit fondamental. Depuis quelques années, les réformes s’enchaînent, la technologie s’en mêle et les chiffres, doucement mais sûrement, commencent à faire sourire.

Dans la commune du Golfe 3, à Lomé, la modernisation s’écrit désormais en ligne. Le 28 mars 2024, la mairie a officialisé la digitalisation des déclarations de naissance et de décès à travers les plateformes Hospi-connect et Hospi-gestion, développées avec l’appui du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).

Les agents d’état civil sont aujourd’hui connectés aux centres de santé et peuvent recevoir instantanément les déclarations depuis les hôpitaux. Finies les files d’attente interminables, les allers-retours épuisants entre maternités et mairies : tout se fait en quelques clics.

Cette initiative, encore en phase pilote, vise à simplifier la vie des citoyens tout en garantissant que chaque naissance soit enregistrée dans le délai légal de 45 jours. Et les résultats sont déjà là. Le taux de déclaration dans la commune du Golfe 3 est passé de 11,92 % en 2023 à 27,61 % entre avril et novembre 2024. Plus de 14 800 personnes, dont 5 920 femmes, ont ainsi pu obtenir leur acte de naissance grâce à cette innovation numérique. Des progrès concrets qui traduisent l’efficacité du numérique lorsqu’il est mis au service de l’inclusion.

Des politiques locales fructueuses

Le numérique n’est pas le seul sur le front. Dans la région des Lacs, par exemple, la politique d’enregistrement systématique menée a permis une hausse continue du nombre d’actes établis. On est passé de 700 actes en 2019 à 1 975 en 2020, puis à 2 599 en 2022, soit un taux de couverture supérieur à 98 %.

Sur la période de janvier à octobre 2023, le taux d’établissement atteignait encore 94 %. Mieux encore, depuis janvier 2022, l’établissement des actes de naissance est devenu gratuit sur tout le territoire national.

L’État rembourse les communes à hauteur de 1 000 francs CFA par acte délivré, un geste simple, mais symbolique qui lève un frein majeur pour de nombreuses familles. Et tout est bien cadré : les remboursements sont faits chaque trimestre, sur la base des rapports validés par les préfets et les ministères de tutelle.

Former et renforcer les capacités des acteurs

Dans le même esprit, le ministère de l’Administration territoriale a renforcé les compétences des agents d’état civil en leur offrant un nouveau guide pratique, validé en septembre 2025 avec l’appui de l’Unicef. Ce manuel actualisé vise à uniformiser les pratiques et à garantir la fiabilité des données personnelles.

C’est une manière de donner plus de rigueur à un système qui, pendant longtemps, a souffert d’un manque d’outils clairs et harmonisés. Le pays s’inscrit ainsi dans une dynamique régionale où l’enregistrement des naissances demeure encore un défi. Selon l’Unicef, la moyenne ouest-africaine plafonne autour de 45 % des enfants de moins de cinq ans enregistrés à l’état civil. Le Togo, lui, veut aller beaucoup plus loin.

Dans le sillage de sa stratégie nationale de digitalisation de 75 % des démarches administratives d’ici 2025, il ambitionne de garantir à chaque enfant, sans distinction, une existence légale dès sa venue au monde.

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