Pendant plusieurs mois, d’abord en 2024 puis entre février et avril 2025, le Togo a été confronté à une crise énergétique. Des coupures de courant fréquentes, parfois imprévisibles, ont plongé aussi bien les ménages que les entreprises dans l’inconfort, perturbant les activités économiques et le quotidien de millions de citoyens.
Face à cette situation préoccupante, les autorités n’ont pas tardé à réagir, injectant en urgence 31 milliards de francs CFA dans le secteur de l’électricité pour atténuer les effets de la crise et maintenir la continuité du service.
Une crise régionale aux répercussions nationales
Le déficit énergétique constaté au Togo s’inscrivait dans une dynamique régionale. En effet, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ont été confrontés à une baisse de l’approvisionnement en énergie, en grande partie due aux travaux de maintenance engagés sur le gazoduc de la West African Gas Pipeline Company (WAPCo), infrastructure clé pour l’acheminement du gaz naturel vers les centrales thermiques de la sous-région.
Cette indisponibilité du gaz, couplée à une demande croissante en électricité et à la faiblesse des stocks alternatifs, a provoqué une tension sans précédent sur le réseau électrique national. Pour éviter une panne généralisée et une rupture prolongée de la fourniture d’énergie, le gouvernement a dû prendre des mesures drastiques.
Un plan de rationnement quotidien a été mis en œuvre, inspiré des précédentes stratégies de gestion de crise. Ce programme de délestage planifié visait une répartition équitable de l’énergie disponible entre les différentes localités du pays.
31 milliards pour limiter la casse
C’est dans ce contexte que l’exécutif a débloqué 31 milliards de francs pour soutenir le secteur énergétique. Cette enveloppe a permis de financer une série d’actions urgentes : recours à des combustibles liquides pour alimenter les centrales thermiques, augmentation des importations d’électricité, mais aussi renforcement des infrastructures pour améliorer la capacité de distribution. Jusqu’à 35 mégawatts supplémentaires ont ainsi pu être injectés dans le réseau, atténuant la pression sur les centrales et limitant les interruptions.
Le financement de ces mesures a été possible grâce à la mobilisation rapide de partenaires financiers, en particulier la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), qui a validé plusieurs lignes de crédit en faveur du Togo. En mars 2025, un nouveau prêt de 40 milliards de francs CFA a été accordé pour couvrir les dépenses urgentes du secteur énergétique et soutenir les projets structurants à long terme.
Une réponse d’urgence, mais aussi une vision à long terme
Si la gestion de la crise a nécessité des mesures d’urgence, le gouvernement n’a pas perdu de vue son objectif stratégique : parvenir à une couverture universelle en électricité d’ici à 2030. À cet effet, plusieurs projets ont été lancés ou renforcés.
En 2025, la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET) prévoit de raccorder 69 268 nouveaux abonnés à travers le pays. Une part importante de ces raccordements sera concentrée à Lomé et ses environs, avec 35 895 abonnés. Les autres régions ne seront pas en reste : 13 744 nouveaux branchements dans la région maritime, 6 884 dans les Plateaux, 4 877 dans la centrale, 4 470 dans les Savanes et 3 398 dans la région de la Kara.
Pour accompagner cette expansion, la CEET envisage la construction de 182 nouveaux postes de transformation moyenne tension-basse tension (MT-BT) répartis sur 88 localités. L’idée est non seulement d’augmenter la couverture géographique de l’électricité, mais aussi d’assurer une meilleure qualité de service dans les zones déjà desservies.
Au-delà des infrastructures classiques, le Togo mise sur la diversification de ses sources d’approvisionnement. L’exécutif multiplie les investissements dans les énergies renouvelables, notamment solaires. La centrale solaire de Blitta constitue un jalon important dans cette stratégie. D’autres projets de mini-réseaux ruraux sont en cours de déploiement pour électrifier les localités les plus isolées, à travers des solutions “off-grid”.