Le nouveau poste de péage d’Aného est devenu opérationnel. Il s’agit du 20e péage officiellement en service au Togo. Derrière cette barrière où l’usager s’acquitte parfois à contrecœur d’un droit de passage, se cache pourtant une logique simple mais essentielle : l’entretien des routes.
Les conducteurs empruntant la route nationale n°2, à l’entrée d’Aného, doivent désormais s’arrêter au PK 25+00 pour s’acquitter des droits d’usage. Ce poste de péage remplace celui de Vodougbé (PK 26+100) et marque un nouvel élan dans le développement de l’infrastructure routière nationale. Au-delà de l’aspect purement administratif, ce 20ᵉ poste de péage symbolise une transformation plus profonde, celle d’un système de financement autonome pour l’entretien des routes togolaises, un système porté par la Safer.
37,9 milliards de francs CFA en 2023 pour nos routes
L’année 2023 a marqué un tournant historique. Selon les données présentées par la Société autonome de financement de l’entretien routier (Safer), 37,9 milliards de francs CFA ont été injectés dans l’entretien du réseau routier national, un record absolu. En comparaison, en 2019 et 2020, ces dépenses n’avaient pas dépassé 17 milliards.
Cette montée en puissance est progressive mais significative. Ces efforts permettent la réhabilitation, le désenclavement et la modernisation de routes dans toutes les régions du pays. Routes rurales, nationales, axes stratégiques : aucun segment n’est oublié. C’est ce qui garantit aujourd’hui aux populations un accès plus rapide aux écoles, aux centres de santé, aux marchés agricoles et réduit considérablement les temps de transport.
D’où vient l’argent ?
Contrairement aux idées reçues, ce que paie le contribuable aux postes de péage n’est pas une taxe opaque, mais une contribution directe à l’entretien des routes qu’il utilise quotidiennement. En 2023, les ressources globales mobilisées par la Safer s’élèvent à 26,1 milliards de francs CFA, dont 37 % proviennent des recettes des péages.
Ces recettes permettent à la Safer de planifier ses interventions sans dépendre entièrement de subventions étatiques ou de financements extérieurs. Derrière chaque ticket de péage, il y a des effets mesurables sur le quotidien des Togolais.
Ces retombées vont bien au-delà de la simple circulation automobile. Elles touchent la sécurité, l’économie locale, l’éducation, la santé et même l’environnement. Les routes entretenues régulièrement grâce aux recettes de la Safer permettent de réduire les détériorations rapides de chaussée, souvent dues aux intempéries et à l’intensité du trafic. Pour de nombreux transporteurs, cela signifie des économies allant jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de francs CFA par mois, un gain non négligeable.
Un réseau routier en bon état, avec une signalisation visible et des accotements dégagés, réduit considérablement le risque d’accidents mortels. Selon les services de sécurité routière, plus de 30 % des accidents graves au Togo sont liés à l’état défectueux des routes.
Des vies sauvées
En assurant l’entretien régulier, les péages participent donc directement à sauver des vies humaines. Sur les routes réhabilitées ou désenclavées, le temps de parcours est considérablement réduit. Prenons l’exemple de la route nationale n°1 entre Lomé et Atakpamé.
Après les travaux, le trajet est passé de plus de 5h à 3h30 en moyenne, avec moins de ralentissements dus à l’état de la chaussée. Les travaux financés par la Safer ne se concentrent pas uniquement sur les grands axes.
Chaque année, plusieurs centaines de kilomètres de pistes rurales sont réhabilitées, favorisant ainsi le désenclavement des zones agricoles. Cela permet aux agriculteurs d’acheminer leurs produits plus facilement vers les marchés régionaux ou urbains, limitant les pertes post-récoltes et augmentant leurs revenus.
Chaque poste de péage crée une dizaine d’emplois directs (agents de caisse, contrôleurs, superviseurs) et des dizaines d’emplois indirects : restaurateurs, vendeurs ambulants, mécaniciens, etc. De plus, les travaux d’entretien impliquent des entreprises locales et de la main-d’œuvre togolaise, contribuant à la réduction du chômage, en particulier chez les jeunes.
Certains chantiers intègrent également des femmes dans les activités de nettoyage et d’entretien des abords de route, renforçant ainsi leur autonomisation économique. Le péage n’est pas une sanction. C’est un mécanisme de solidarité nationale. En payant 200, 500 ou 1 000 FCFA à une barrière, l’usager participe à l’entretien de la route qu’il emprunte, mais aussi à celles que d’autres utilisent ailleurs dans le pays. Cet argent permet de désenclaver des villages, d’éviter des accidents, de sauver du temps et parfois même des vies.
La Rédaction