Le Togo vit aujourd’hui une véritable mutation agricole. Pendant longtemps, l’économie du pays a reposé sur l’exportation brute de matières premières, laissant la majeure partie de la valeur ajoutée à l’extérieur de ses frontières. Mais depuis quelques années, une volonté politique affirmée pousse les gouvernants à inverser cette tendance.

Sous l’impulsion du gouvernement, des chaînes de valeur agricoles structurées voient le jour, intégrant toutes les étapes de la production à la transformation, en passant par la commercialisation et l’exportation.

Cette approche répond à un triple objectif : améliorer durablement les revenus des producteurs, créer de nouveaux emplois à forte valeur ajoutée et assurer une meilleure sécurité alimentaire. C’est un changement qui repose sur une stratégie qui mobilise les acteurs publics, privés et coopératifs autour de filières ciblées comme le soja, le coton, le café, le cacao, le riz ou encore certaines cultures vivrières telles que le maïs, le manioc et l’igname.

La réussite de la filière soja

Le soja illustre de manière exemplaire cette ambition. Autrefois destiné presque exclusivement à l’exportation brute, il est désormais au cœur d’un plan de transformation locale. La production nationale, qui s’établissait à des niveaux modestes il y a quelques années, a atteint environ 260 000 tonnes lors de la campagne 2023-2024.

L’objectif fixé par les autorités est d’atteindre 350 000 tonnes en 2024-2025 et de franchir le cap des 500 000 tonnes en 2025-2026. Pour sécuriser les revenus des agriculteurs, le gouvernement a instauré un prix plancher de 250 francs le kilo pour la campagne 2024-2025, garantissant ainsi une rémunération stable malgré les fluctuations du marché international.

La réussite de cette filière repose aussi sur des investissements industriels majeurs. La Plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA) joue un rôle déterminant en accueillant des unités modernes de trituration, de production d’huile, de farines et d’aliments pour bétail. En 2023, l’usine de transformation Togo Soja a été implantée au sein de la plateforme pour un investissement de 165 milliards de francs CFA, comprenant deux unités de transformation.

Ce type d’infrastructures permet de transformer la matière première sur place et de capter une part significative de la valeur ajoutée et de générer des milliers d’emplois directs et indirects.

Le maïs, autre exemple

Il fait également l’objet d’une attention particulière. Les initiatives incluent la distribution de semences certifiées, la formation des producteurs aux bonnes pratiques agricoles et la mise en place de circuits de commercialisation plus rémunérateurs.

En juillet 2024, près de 30 000 producteurs de maïs (aux côtés d’autres cultures) ont reçu des kits d’intrants agricoles – semences certifiées, engrais, pesticides – via le programme FSRP financé par la Banque mondiale.

Ce mouvement de transformation agricole s’appuie sur une feuille de route claire, inscrite dans les priorités du plan national de développement. Mécanisation, accès au crédit, formation technique, appui institutionnel, infrastructures industrielles : chaque levier est mobilisé pour renforcer la compétitivité des filières. Le gouvernement joue un rôle de catalyseur, créant un environnement propice aux investissements privés et à l’essor des coopératives.

Pour les populations rurales, les effets se font déjà sentir. La mise en place des prix planchers et la hausse des volumes transformés localement se traduisent par une augmentation des revenus. Les zones industrielles comme la PIA attirent des travailleurs, dynamisent le commerce local et stimulent des activités connexes comme le transport ou la maintenance.

La Rédaction