C’est un chantier de santé publique que le Togo semble bien déterminé à mener à terme : mettre fin à la transmission mère-enfant du VIH, de la syphilis et des hépatites virales. Sur le terrain, les efforts s’intensifient et les résultats sont encourageants.
Il s’agit du fruit d’une volonté politique affirmée et d’une coordination efficace entre les différents acteurs du système de santé. L’objectif est aligné sur les recommandations de l’OMS et les engagements onusiens : zéro infection chez les nourrissons d’ici 2030.
En 2023, la couverture de la prévention de la transmission mère-enfant (PTME) du VIH a atteint 85 % au Togo. Une statistique réjouissante qui signifie que la majorité des femmes enceintes vivant avec le VIH sont désormais accompagnées pour donner naissance à des enfants séronégatifs.
Une couverture PTME de plus en plus solide
Selon les données du Programme national de lutte contre le sida (PNLS), le Togo compte 829 sites fonctionnels pour la PTME, ce qui représente une couverture géographique de 84,3 %. Dans ces structures sanitaires, 4 634 femmes enceintes vivant avec le VIH ont été recensées, dont 3 602 étaient sous traitement antirétroviral (soit 77,7 %).
Les résultats sont également probants du côté des nouveau-nés : sur 2 956 enfants vivants nés de mères séropositives, 2 907 ont reçu une prophylaxie antirétrovirale, soit 98,3 %, une progression notable par rapport aux 96 % enregistrés en 2021.
Dans la dynamique de l’éradication, une étude épidémiologique et virologique sur la transmission mère-enfant du VIH a par ailleurs permis de collecter 3 148 échantillons de sang de cordon ombilical. Elle révèle que 99,3 % des femmes ont effectué au moins une consultation prénatale et que la séroprévalence s’établit à 3,8 % à Lomé.
Surtout, 97,5 % des femmes séropositives (ayant accouché) présentaient une charge virale inférieure à 1 000 copies/ml, un facteur déterminant dans la prévention de la transmission.
Des objectifs ambitieux mais réalistes
Appelée aussi transmission verticale, la transmission mère-enfant peut intervenir durant la grossesse, l’accouchement ou l’allaitement. L’élimination de cette voie est au cœur des engagements du Togo, qui s’aligne sur la stratégie mondiale du secteur de la santé de l’OMS.
Le pays vise un taux de transmission inférieur ou égal à 50 cas pour 100 000 naissances vivantes, avec une prévalence inférieure à 2 % chez les enfants non allaités et à 5 % chez les allaités. Le Togo s’attaque également à la transmission verticale de l’hépatite B (VHB).
Conformément à la stratégie mondiale 2016-2021 de l’OMS, l’ambition est de réduire de 90 % l’incidence, de 65 % la mortalité et de parvenir à une prévalence AgHBs inférieure à 0,1 % chez les enfants de cinq ans d’ici 2030.
Concernant la syphilis, deuxième cause de mortinatalité dans le monde après le paludisme, le pays affiche une faible prévalence de 0,6 % parmi les populations clés. D’après une enquête menée sur 2 158 personnes (dont 678 hommes ayant des rapports avec des hommes – HSH, 1 003 travailleuses du sexe – FSW, et 477 usagers de drogues – UD), aucun cas de syphilis n’a été détecté chez les 298 personnes séropositives au VIH. Un indicateur rassurant.
Depuis 2018, le test DUO VIH/syphilis est déployé sur 93 sites PTME. Grâce à ce dispositif, 103 721 femmes enceintes ont été dépistées. Résultat : 1 276 tests positifs à la syphilis, soit 1,2 %, en baisse par rapport aux 2,1 % en 2020. Parmi elles, 836 (65,5 %) ont été traitées avec la Benzathine benzylpénicilline. On note cependant 32 cas de syphilis congénitale enregistrés, contre 24 en 2020, signe qu’il reste des marges de progression.
La victoire à portée de main
Entre les campagnes de sensibilisation, l’amélioration de la couverture géographique des services PTME, la formation du personnel soignant, la disponibilité des tests rapides combinés et l’accès élargi aux traitements, le Togo met toutes les chances de son côté pour relever le défi de l’élimination. À l’horizon 2030, le rêve d’un pays sans transmission mère-enfant du VIH, de la syphilis et des hépatites virales n’a rien d’utopique. Il est en marche.
La Rédaction