Au Togo, la lutte contre le paludisme n’est pas une cause oubliée. Bien au contraire, elle fait l’objet d’une attention stratégique et soutenue, tant de la part des autorités sanitaires que des partenaires techniques et financiers du pays. En témoigne l’adoption, des engagements du gouvernement, du Plan stratégique national de lutte contre le paludisme 2023-2026.
Malgré une régression notable de l’incidence du paludisme de près de 40 % entre 2015 et 2021, la maladie continue de représenter une menace sérieuse pour la santé publique au Togo. Elle demeure persistante, sournoise, particulièrement dangereuse pour les enfants et les femmes enceintes. Face à cette réalité, l’ambition est de réduire l’incidence et la mortalité liées au paludisme d’au moins 65 % d’ici 2026 par rapport à 2022. Et pour ce faire, le Togo se donne les moyens de ses ambitions.
Une stratégie alignée sur les priorités nationales
Conçu dans une logique inclusive et participative, le Plan stratégique 2023-2026 s’inscrit dans le sillage du Plan national de développement sanitaire (PNDS 2023-2027) et de la Feuille de route gouvernementale. Il constitue le cadre unique de référence pour la mise en œuvre des interventions visant l’accès universel aux soins de prévention et de traitement du paludisme.
Ce plan s’inscrit dans la continuité de 4 autres plans stratégiques mis en œuvre depuis 2001. Chaque nouvelle itération a permis des avancées notables.
Plan ambitieux et bien budgétisé
Le coût global de celui-ci est de 153 milliards de francs CFA. Cette enveloppe est minutieusement répartie selon les modules d’intervention. En première ligne, la lutte anti-vectorielle capte 51,47 % du budget, traduisant l’importance accordée à la prévention, notamment à travers la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée (MID). À ce sujet, environ 530 742 MID seront distribuées gratuitement en 2025, une opération qui devrait impacter significativement les foyers les plus exposés.
D’autres volets importants bénéficient également d’une part du financement : les interventions spécifiques (5,29 %), la prise en charge des cas (7,45 %), la gestion du programme (2,18 %), la surveillance, le suivi et l’évaluation (0,90 %), la promotion de la santé (0,90 %), et enfin, la gestion des achats et des stocks qui représente 26,90 % du budget, une clé de voûte logistique sans laquelle les autres efforts seraient vains.
Chimioprévention saisonnière : une couverture nationale désormais atteinte
L’un des acquis les plus significatifs de cette stratégie nationale renouvelée est la couverture nationale de la chimioprévention saisonnière du paludisme (CPS) chez les enfants de moins de cinq ans. Introduite en 2013 dans la région des Savanes, la CPS a progressivement gagné du terrain, s’étendant de 19 à 23 puis désormais à 39 districts, avec l’intégration de 16 nouveaux districts en 2023.
Ce déploiement a été couplé à une augmentation du nombre de cycles de traitement, passé de 4 à 5 dans certaines zones, ce qui a contribué à une baisse d’environ 70 % des cas de paludisme chez les enfants dans les zones couvertes. À l’échelle nationale, cette couverture accrue a permis une réduction de 4 % de la morbidité dans les formations sanitaires.
D’autres résultats tangibles
Au-delà des intentions et des projections, les premiers résultats du plan sont d’ores et déjà visibles. Sur l’année 2024, l’on note une baisse significative de l’incidence du paludisme, passant de 286 cas pour 1 000 habitants en 2023 à 258 pour 1 000. Plus spécifiquement, par exemple, dans le district sanitaire de Binah, l’incidence est passée de 769 pour 1 000 en 2023 à 645 pour 1 000 en 2024, une baisse notable qui témoigne de l’efficacité des interventions.
Autre indicateur majeur : le taux de mortalité hospitalière liée au paludisme est passé de 15 % à 11,7 % pour 100 000 habitants en une année. Alors que la stratégie déployée par le Togo produit ses effets, les autorités veulent capitaliser sur cet élan pour franchir un nouveau palier : l’introduction prochaine du vaccin antipaludique au profit des enfants de moins de 2 ans.
La Rédaction